Préparation concours sur titre
Compte rendu du concours EMIA sur titres

L'épreuve dans sa globalité
D’une durée d’une heure, elle vise à évaluer les capacités des candidats à suivre la formation à l’EMIA.
Le jury est composé d’un colonel chef du jury ainsi que d’autres officiers. Il y a en plus un professeur d’anglais pour évaluer la capacité du candidat à suivre une formation en anglais ainsi qu’un universitaire qui, lui, jauge la capacité du candidat à valider une licence. Il y a bien entendu les stratégies classiques des jurys qui sont mises en œuvre (bad cop-good cop etc.)
Les candidats disposent d’une chaise et d’une table, ainsi que d’un paper board et un planisphère pour appuyer, s’ils le désirent leur argumentation mais aussi pour servir de support aux questions du jury (situer des sujets d’actualités)
2) Nature de l’épreuve
Mon Oral sur titre - EO GINES
- ENTREE : Je rentre, me met au garde à vous, et regarde tout le jury avant de ne regarder que le colonel présidant le jury (au centre) pour le saluer et me présenter. A l'issue il me dit de m'asseoir. Je retire directement mes gants et les mets sous le képi, avant de m'asseoir.
- Tout d'abord on m'a demandé de me présenter succinctement. En bref, je redis tout ce qu'il y a sur mon CV. Sauf qu'à l'oral, je me suis présenté de cette manière: «Je suis le sergent-chef Gines David. J'ai 28 ans et je sers au 13ème BCA. Actuellement en base arrière, je devrais être SOA sur la prochaine mission VIGIPIRATE à Paris prévue mi-avril.
- Je me présenterai en 3 parties mon colonel. D'abord je parlerai de ma formation, puis dans un second temps de mon expérience professionnelle (découpée plus tard en mission extérieure puis mission intérieure), avant de terminer par mes loisirs (découpés plus tard en artistiques et sportifs)
- Il faut veiller à présenter en 5 minutes maximum. Je devais être un peu long car je me suis fait couper à propos de mes lectures militaires sans avoir eu le temps de parler de mes activités sportives.
- Un colonel me demande donc mes lectures : Décider dans l'incertitude ; Principes de la guerre en montagne ; Contre-insurrection, théories et pratiques ; Sous le feu ; Tactique théorique ; 93. J'avais également lu d'autres romans, mais j'ai préféré finalement exposer que des ouvrages stratégiques pour leur glisser l'idée que je m'étais résolument tourné vers la conception stratégique demandée aux officiers.
- L'un des colonels m'a alors demandé de lui expliquer ce que signifiait «Décider dans l'incertitude» pour le colonel Desportes qui a écrit l'ouvrage. Il s'agit d'un livre où résumer en quelques lignes et sous forme d'un plan n'est pas aisée au coup de doigt. Je pense m'en être d'ailleurs sorti que moyennement même si j'ai traité tous les aspects importants de cet ouvrage pour le colonel.
- Suite à cette explication, l'universitaire de la salle me branche sur le cinéma et vérifie mes connaissances. Le fait d'avoir dit à ma présentation que j'avais des réalisateurs préférés et des acteurs préférés (sans dire de nom pour tendre la perche), l'a incité à me les demander. Nous avons dû parler lui et moi environ 10 minutes de cinéma sous toutes ses coutures avec des films, leurs noms d'acteurs ou de réalisateurs. Il en a conclu «Donc vous être un vrai cinéphile» avant de passer la main.
- Je me retrouve ensuite dans un oral plus flou, où je me fais bombarder de nombreuses questions de réflexion, parfois sans lien les unes aux autres.
- Que faisons-nous pour la santé en France ?
- Pourquoi n'existe-t-il pas de distributeur de fruits plutôt que des distributeurs de friandises ?
- Qu'est-ce qui nous différencie de l'animal ? Le libre arbitre...
- Qu'est-ce que la liberté pour moi ?
- Pour je ne sais quelle raison, j'ai réussi à partir de cette question pour glisser «Je ne suis pas Charlie». Ce qui les a incité à vouloir connaître les raisons de ce choix. S'en est suivi un débat sur la liberté d'expression par rapport aux caricatures.
- Ensuite le colonel au centre me sort: «Un homme important, il me semble que c'est Foch, a dit Impossible n'est pas français, que pensez-vous de cette citation?». Je le corrige d'abord en lui disant qu'elle est de Napoléon, ce qui fait donc débat. L'universitaire vérifie sur son téléphone. Ils ne me diront jamais si j'ai eu tort ou raison de tout l'oral... mais je sais que j'ai raison, car j'ai vérifié. C'est une opportunité que je souhaite aux futurs candidats. Dès qu'une porte s'ouvre il faut la prendre pour mettre en avant ses connaissances.
- L'universitaire me demande le nombre de morts par an lié au terrorisme, puis le nombre de morts par an lié au tabac. Je lui fait savoir que je ne connais pas ces chiffres et que ceux que je vais donner sont approximatifs. Il y a bien sûr plus de morts avec le tabac. Il continue en me demandant si plutôt que de combattre le terrorisme, nous ne ferions pas mieux de combattre le tabac. Après lui avoir suggéré que combattre sur les 2 fronts n'est déjà pas impossible, il a fallu trouver des arguments pour montrer que le terrorisme relève d'un autre genre de menace beaucoup plus important. Ensuite j'ai clairement désigné l'EI comme principale menace actuelle dans le monde.
- La prof d'anglais prend alors la parole pour me demander la différence entre Boko Haram et Daech.
- Je me suis directement levé pour utiliser le planisphère dans mon dos lors de mes explications en anglais. Cela a duré environ 5 minutes.
- Un colonel reprend en français pour me faire réfléchir sur une citation de De Gaulle dont je ne me rappelle plus l'intitulé. Je sais qu'elle signifiait que lorsque nous allions dans un pays étranger, notre manque de connaissance culturelle faisait que nous faisions parfois des erreurs stratégiques en coupant un pays en 2 sans connaître forcément le passé de la population alors séparée. J'ai pu rebondir sur une citation du Général McChrystal qui a commandé l'ISAF en Afghanistan entre juin 2009 et juin 2010: «Nous ne connaissions pas l'Afghanistan et nous ne connaissons toujours pas l'Afghanistan. La plupart d’entre-nous avions une compréhension très superficielle de la situation et de l’histoire et nous avions une vue terriblement simpliste de l’histoire récente.» J'en ai également profité pour donner des chiffres sur le % de Pachtoune en Afghanistan et au Pakistan, montrant que la ligne Durand de 1893 (purement occidentale, entre l'Afghanistan et le Raj Britannique à l'époque) qui est aujourd'hui la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, avait ainsi créé un déséquilibre.
- Ensuite il me parle de mes diplômes montagne, mais aussi du fait que ça soit ma dernière cartouche EMIA. Enfin, la question classique «pourquoi devrions-nous vous prendre plutôt qu'un autre». J'ai mis en avant le fait d'être BSTAT et d'avoir déjà une bonne connaissance du rôle de chef de section, le fait que malgré mes 28 ans j'ai toujours conservé de bons résultats sportifs, et également le fait d'avoir baigne dans les traditions (école préparatoire au Prytanée National Militaire) qui me font prendre conscience de ce qui m'attend à l'EMIA et du respect que j'en ai. Mes arguments ont été démonté par un «tout ce que vous nous dites, on s'en moque un peu, qu'est-ce qui fait vraiment la différence entre vous et les autres?». Me sentant sec (car j'avais préparé cette question), je déclare savoir que j'ai les épaules pour les futures responsabilités qui m'incomberont si jamais j'intègre, et le fait que je sois passionné de l'étude des conflits actuels (et donc que je serai ravi de participer aux cours académiques de ma filière GRIS à l'EMIA).
- Puis finex.
- SORTIE: Je remets mes gants sans aller trop vite ni trop lentement, puis mon képi. Je regarde (comme lors de mon entrée) tout le jury avant de ne regarder que le colonel présidant le jury pour le saluer, faire mon demi-tour droite et quitter la salle.
"J'insiste beaucoup sur la préparation"
- Etre calé sur tout ce que vous avez mis dans votre CV (tant au niveau des traditions chasseurs, qu'au niveau des loisirs). Ne vous étalez pas sur l'apprentissage du militaire et du GRAT en particulier. Il n'y a aucune question dessus depuis 3 ans déjà. Cela est réservé pour l'oral épreuves. En revanche, vous n'êtes pas à l'abri d'une question niveau CDG, comme les actes réflexes, les actes élémentaires, ou d'autres acronymes. Mais pas de question piège sur le Félin, Scorpion, les camps d'entraînement, la PEGP, les organigrames, etc etc.
- Connaître les 2 ouvrages obligatoires à lire. Les ficher obligatoirement pour retenir vraiment l'essentiel dans la dernière ligne droite. Relire pendant 15 minutes ses fiches prend moins de temps que de devoir relire un ouvrage que nous oublions peu à peu.
- Connaître les Prix Nobel, Renaudot, Goncourt, Erwan Bergot, César, Oscar, etc.
- Faire de l'anglais tous les jours. Je vous conseille les leçons de Michel Thomas Harrap's (volume Débutant et volume Perfectionnement). Téléchargez-les car elles coûtent chers. 10 minutes par jour suffit et vous progressez vraiment, encore plus pour ceux qui ont des lacunes.
- L'histoire de France depuis les Capétiens est à connaître pour ne pas avoir de surprises. Les rois François 1er, Henri IV ou encore l'empereur Napoléon sont souvent sortis pour vérifier nos connaissances. Enfin les relations internationales et les conflits depuis 1880 ne doivent pas avoir de secrets pour vous.
- En géographie, il est bon de savoir placer tous les pays du monde sur une carte, tous les détroits, les plus grands fleuves, voire les plus grandes capitales. Pour les capitales c'est bonus si vous les connaissez toutes.
- L'actualité surtout au niveau international ne doit pas non plus avoir de secrets pour vous. Je conseille la lecture d'un ouvrage qui sort chaque année (Année stratégique, d'IRIS) qui permet de faire un point bien complet sur l'année précédente qui s'est écoulée. Ensuite je vous conseille de vous mettre à jour en allant sur les sites Internet d'IRIS, d'IFRI, Diploweb, IRSEM. En y allant tous les jours vous aurez des vidéos ou des débats sur l'actualité, ainsi que de nombreux articles sur l'actualité quotidienne analysé par des spécialistes dont nombreux apparaissent dans l'émission «C dans l'air» que je vous conseille également de regarder. Pour cette émission, il est possible de seulement regarder le résumé si jamais le débat du jour ne vous semble pas très important. Le mieux est de faire des fiches de tout ce que vous voyez ou lisez. Comme ça, dans la dernière ligne droite avant l'oral, vous pouvez retenir des chiffres et aller vraiment dans l'approfondissement des connaissances.
"Si vous faites tout ça, vous mettez déjà pas mal de chances de votre côté"
- Il est ensuite possible d'apporter une touche supplémentaire qui n'ira qu'en votre faveur, en ayant lu des ouvrages liés au métier d'officier, ou important (Prix Goncourt, Prix Erwan Bergot de l'année ou autre). N'oubliez pas d'en faire des fiches et de les caler à tout prix à l'oral. Ca serait dommage d'avoir fait ce travail pour rien. Au pire, si vous n'avez pas le temps du tout d'en lire, faites quelques fiches qui pourraient donner l'impression que vous les avez lu et essayer de les placer. Seul hic, vous vous exposez au risque qu'un membre du jury vous demande un détail du livre que seul une lecture totale vous aurait permis de savoir.
- Ensuite vous pouvez vous amuser à élaborer des phrases perches que vous saurez placer dans n'importe quelle situation. Je voulais absolument débattre de «Je ne suis pas Charlie», de Daech et de Boko Haram, de mes ouvrages militaires fichés, parler un peu plus de cinéma et j'ai pu le faire. Il est vraiment possible d'orienter l'oral si on le souhaite.
- L'oral sur titre n'est pas un exercice facile. Je pensais que ça l'était l'année d'avant et j'ai fini 1er sur liste complémentaire. Cette année j'ai fait tout ce que je vous conseille de faire au-dessus. Ca prend du temps, mais ça a payé pour moi.
- Faites-vous une liste de tout ce que vous avez à savoir avant l'oral. Regardez le nombre de jours que vous avez pour pouvoir travailler avant votre oral, et faites-vous ensuite un programme de travail qu'il vous faudra tenir du mieux possible. Travaillez sans relâche, du matin au soir si vous pouvez, pendant vos temps libres également (pas forcément évident pendant les vacances, ou quand vos potes vous réclament en soirée). Si vous en avez marre de réviser, détendez-vous en regardant un documentaire ou un film en lien avec vos révisions, puis reprenez. Dites-vous que la différence entre vous et les autres se fait ici. Lorsque tout le monde aurait arrêté de réviser, vous, vous continuez. Et vous prenez de l'avance, des connaissances qui ne seront pas rattrapables par ceux qui se seront reposés. L'oral sur titre arrive vite. C'est long mais il faut tenir car le jeu en vaut vraiment la chandelle. Et plus vous allez engranger des connaissances et plus vous allez vous rendre compte que vous êtes à l'aise.
Bon courage. Ne perdez jamais de vue votre objectif !
Mon Oral sur titre - EO SALIOU
- Mon oral du concours EMIA/T 2015. Le jury est composé d'un colonel, 2 lieutenants-colonel et 2 civils. Il est installé en arc de cercle face l'entrée, un planisphère se trouve sur le mur dans le dos du candidat (l'entretien se déroule assis derrière une table d'écolier). Après m'être présenté, premier pique du président du jury sur mon CV manuscrit au lieu de dactylographié.
- Début de l'oral, «qui est le MDL SALIOU?» «quelles sont vos passions» «aimez vous un film en particulier?» (Ma réponse Gran Torino fait rebondir le jury sur American Sniper film du même réalisateur et embraye sur le syndrome post- traumatique)
- Les questions se poursuivent sur le SPT; «La France n’investit-elle pas trop dans le SPT?» «Avez-vous été confronté à ce syndrome dans votre régiment?» «Connaissez vous d'autres métier confronté à la mort?»
- Connaissez vous le ministre de la justice ? de l'intérieur ? Que pouvez vous nous dire des réformes carcérales ?
- L’Angleterre a émie l'idée de recruter des jeunes incarcéré pour délit mineur, afin de combler au manque de nouvelle recrue. «Pensez-vous que se soit une bonne idée?» «Est-ce envisageable en France?» «Connaissez vous des centres ou des institutions qui permettent la réinsertion des jeunes en difficulté en France?»
- «Aujourd'hui 10 000 jeunes ont rejoint les rangs de l'EI: que doit-on en penser?» «Pour quelles raisons?» «Pourquoi ne restent-ils pas en France?» «La destruction d’œuvres d'arts constitue-elle, selon vous, un crime contre l’humanité?» «Appréciez vous une forme particulière d'art? Sculpture, peinture...?
- «Quelles sont les raisons des conflits actuels?» «Qu'est ce qui justifie une intervention militaire?» «Le liban est au cœur des crises actuelles, que retenez vous de votre mission là-bas?» «Qu'est ce que le Hezbolllah?» «Chiite? Pouvez vous m'en dire plus?»
- «Pouvez vous nous situer Madagascar sur le planisphère derrière vous? Pays pauvre ou pays riche? Et le Yémen où le localisez vous?»
Procédons à présent à un petit quizz :
Si je vous dis 1901, qu'est ce que cela évoque pour vous ?
- 1905 ? 1958 ?
- Les dates de la guerre d'Algérie ?
- 50-52? Avez vous lu les ouvrages ?
- Comment interprétez vous le titre du livre (De l'autre coté de l'eau)? Que retenez-vous de la citation de Pascal en préambule du livre?
- Ensuite nous avons échangé en langue anglaise avec un membre civil du jury (probablement une professeur d'anglais). Ai-je apprécié aller à l'école ? Pourquoi ? Quel bénéfice je retire de mes années d'étude ? Est-ce important d'enseigner l'Anglais dans les écoles,dans l'enseignement supérieur, dans l'armée? Avons nous des cours d'anglais dans l'armée? Un professeur de langue dans mon régiment ?
- «Quels sont les insignes que vous portez sur votre tenue (Monit. TIOR, PUC) ?»
- «Que feriez vous face à quelqu'un qui s'en prend physiquement à l'un de ses camarades ou bien à un supérieur ?» «Est ce qu'une baffe ne permettrait pas de régler les choses ?»
- «Est ce que le soldat d'aujourd'hui doit effectuer des missions de type Héphaïstos? Est ce vraiment à lui de faire çà?» «Peut-on passer d'une mission de maintien de la foule (avec des règles d'engagement très limitées) à une mission de haute intensité?» «N'est ce pas contradictoire?»
- «Quel serait vos premier mots à un soldat qui aurait totalement perdu confiance en lui ?» «Qu'évoque pour vous: Obéir d'amitié ?»
- L'entretien ce termine il me laisse une dernière fois la parole afin de les «convaincre» de me choisir plutôt qu'un autre.
Bon courage à vous, en espérant que cela puisse vous être utile. N’oubliez pas “le travail pour loi....”